Blessing Matthew, 21 ans, migrante nigériane noyée : Non-lieu de la justice pour les gendarmes français

Blessing Matthew a été enterrée dans le cimetière de Prelles. Gisèle Peyronel est une des trois personnes qui vient rendre visite à la tombe de Blessing et qui l'entretient en y déposant des fleurs. La sœur de Blessing et l'association Tous Migrants s'étaient constituées partie civile pour faire la lumière sur l'action des forces de l'ordre.

Tract – La justice française a confirmé mardi le non-lieu prononcé après la mort en 2018 d’une jeune Nigériane dans les Hautes-Alpes lors d’un contrôle de gendarmerie, balayant ainsi les espoirs de reprise d’enquête de l’association Tous migrants.

Blessing Matthew, 21 ans, avait été retrouvée noyée à Saint-Martin-de-Queyrières le 9 mai 2018, peu après avoir franchi la frontière en provenance de l’Italie.

Sa soeur avait alors porté plainte en accusant les gendarmes d’avoir tendu un « véritable guet-apens » au groupe dans lequel la jeune femme figurait.

La cour d’appel de Grenoble (est) a estimé qu’aucun élément objectif permettant d’étayer les faits d’homicide involontaire, de mise en danger de la vie d’autrui et de non-assistance à personne en danger reprochés aux gendarmes, n’a été recueilli durant l’enquête.

« C’est une décision hautement critiquable car la justice n’a pas cherché à aller au bout des investigations. Elle vient de fermer la porte à la manifestation de la vérité dans ce dossier », a réagi Me Vincent Brengarth, l’un des avocats de Tous Migrants.

L’association estime que le dossier n’a « jamais été instruit » et pointe des « incohérences et des contractions » dans les déclarations des gendarmes sur le déroulement des faits. Ses avocats avaient notamment déploré que la seule enquête réalisée l’avait été « sous le contrôle du procureur de Gap » qui n’est, assuraient-il, « pas indépendant ».

L’affaire avait d’abord été classée sans suite par le procureur. Après un plainte de l’association, un juge avait rendu une ordonnance de non-lieu en juin 2020. Les avocats de l’association avaient alors interjeté appel de la décision.

L’enquête avait déterminé que les gendarmes mobiles « s’étaient identifiés à haute voix » avant un contrôle, provoquant la fuite de la jeune femme et de ses deux compagnons.

Selon le parquet de Gap, « les circonstances précises dans lesquelles (elle) aurait chuté dans la Durance demeurent inconnues en l’absence de témoignage direct ».

La section de recherches de Marseille avait finalement « conclu à l’absence d’infraction susceptible d’être retenue à l’encontre des gendarmes mobiles », avait relevé le parquet.

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