Loi votée hier : les députés du pouvoir Sall décident de terroriser les terroristes,… les opposants et la société civile

SENtract – un important dispositif sécuritaire a été déployé hier vendredi 25 juin aux abords de l’Assemblée nationale où des projets de modification du Code pénal et du Code de procédure pénale doivent être examinés par les députés. La majorité assure qu’il s’agit de « renforcer la lutte contre le terrorisme ». L’opposition dénonce des textes « liberticides » à l’encontre du droit à manifester.

Une assemblée encadrée par les forces de l’ordre, les accès au quartier ont été bouclés, la séance a commencé avec 1h30 de retard. On a assisté à une altercation dans le hall entre le député d’opposition Ousmane Sonko et celui de la majorité Amadou Mbery Sylla, rapporte Rfi.

Ambiance tendue donc pour l’examen de ces textes. Parmi les points qui fâchent : les actes « ayant pour but de troubler gravement l’ordre public » seront désormais passibles de la réclusion criminelle à perpétuité. Un autre article redéfinit et élargit la notion d’« association de malfaiteurs ».

« Nous ne sommes pas des terroristes », c’est l’un des slogans des opposants à ces projets de modification sur « la définition d’association de malfaiteurs » et « la définition des actes terroristes ». Pour l’opposition parlementaire, ces modifications assimilent le trouble à l’ordre public au terrorisme. « Inacceptable », selon elle et le M2D, le mouvement de défense de la démocratie qui soutient Ousmane Sonko. Ils ont lancé l’alerte dès jeudi après-midi, en appelant à manifester devant l’Assemblée. Pour eux, « le concept de terrorisme ne doit pas servir de prétexte pour bloquer les opposants politiques ».

« Faux », répond la majorité qui accuse de son côté l’opposition de faire « de la désinformation systématique ». Pour le groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar, ces projets de loi visent plutôt à lutter plus efficacement contre le terrorisme « qui s’est complexifié dans son organisation, dans ses outils ». Il fallait donc compléter l’arsenal législatif. Au-delà des points qui font polémique, les textes portent notamment sur le financement du terrorisme ou encore la piraterie maritime.

Des militants arrêtés

Sur la place de la Nation, quadrillée par les forces de l’ordre, cet appel du M2D à manifester a tourné court. À peine arrivés, des membres du mouvement Y’en a marre – Aliou Sané, Kilifeu, Simon Kuka – ou Guy Marius Sagna de l’organisation Frapp/France dégage ont été embarqués pour rassemblement non autorisés. Pour eux, le pouvoir a eu « peur », disent-ils, après les violentes émeutes du mois de mars. Il chercherait donc à serrer la vis pour imposer un troisième mandat du président Macky Sall en 2024.

Le chef de l’État n’a pas dévoilé ses intentions pour la prochaine présidentielle. Et le gouvernement défend des textes « nécessaires » au vu de la situation sécuritaire dans la région. « Il n’est pas question d’interdire les manifestations » assure un député de la mouvance présidentielle, qui accuse l’opposition de « désinformation ». Mais le climat de méfiance est encore monté d’un cran. Le M2D appelle à poursuivre « la résistance ».De leur côté, organisations de défense des droits de l’homme comme Amnesty International ou la RADHHO appellent à un retrait de la loi et à l’organisation d’un  « débat national sur la définition et les modalités de lutte contre le terrorisme ».

Cette nouvelle confrontation intervient après les violentes émeutes du mois de mars et deux jours après l’anniversaire du Mouvement du 23 juin 2011. Ce mouvement de contestation populaire qui avait conduit le président de l’époque Abdoulaye Wade à renoncer à son projet de réforme constitutionnelle.

SENtract