[ Dossier PDS et dépendances ] Suxxali Sopi « ne veut pas de l’arrivée au pouvoir de Karim Wade » et va prendre son autonomie du PDS… « Karim Wade préfère les affaires à la politique »… « Les karimistes sont à l’affût d’un gouvernement élargi »…Bara Gaye et Karim Wade ne se parlent plus

Le Parti Démocratique Sénégalais est en léthargie et ne s’est pas réuni depuis 18 mois. A l’analyse, force est de constater que le secrétaire général national, le nonagénaire (machallah!) Abdoulaye Wade, « seule constante » du PDS, n’a plus de « réactivité politique », pour reprendre le mot d’insiders du parti. Depuis son remaniement interne où il a nommé son fils Karim Wade et l’entourage de celui-ci aux postes stratégiques de secrétaires nationaux, Wade Senior a eu à faire face à la fronde de ténors historiques du parti à l’épi de mil. Ceux – ci, ne comprenant pas et n’acceptant plus que le seul « courant politique » autorisé au PDS soit celui des karimistes, s’en sont allés créer « Suxxali Sopi » : il ‘agit d’Oumar Sarr, ex-coordonnateur du parti, de l’avocat Amadou Sall et de l’ancien porte-parole du parti Babacar Gaye.

En mi-décembre 2019, Oumar Sarr a fait une sortie sur la radio française RFI pour dénoncer l’option du « rien sauf Karim Wade », qui a conduit le PDS à ne pas avoir de candidat à la présidentielle de février 2019. Babacar Gaye, président de la fédération de Kaffrine, a lui aussi franchi le Rubicon et appelé ses militants à participer au vote de la présidentielle de février 2019, alors même que Gorgui appelait au boycott actif de cette échéance électorale. Ni Oumar Sarr, ni Babacar Gaye, et encore moins Me Amadou Sall qui a défendu becs et ongles Karim Wade gratuitement là où des avocats français facturaient à ce dernier des millions, ne se sentent plus « en dette de loyauté » envers le patron du parti, Abdoulaye Wade. A cet égard, Tract a appris que Suxxali Sopi va prendre, dans un futur proche, une décision majeure allant dans le sens de « prendre son autonomie vis-à-vis du PDS ». Les tenants de Suxxali Sopi tiennent les karimistes (au premier chef desquels les ex-députés Tafsir Thioye et Doudou Wade) pour des « opportunistes, qui n’attendent que le présumé futur gouvernement de rassemblement », dont le projet est prêté à Macky Sall, en espérant être désignés par le PDS pour l’intégrer. Les ténors de Suxxali Sopi quant à eux, s’ils ne sont pas demandeurs  pour entrer dans un hypothétique gouvernement de majorité présidentielle élargi à l’opposition (NDLR : la rédaction de Tract doute que cette hypothèse devienne réalité, aucune crise politique ne le justifiant), restent ouverts à une collaboration avec le régime en place, ou à tout autre qui viendrait à lui succéder. Babacar Gaye, ainsi, se dit « prêt à servir le pays », quel que soit le président qui l’appellerait, « qu’il se nomme Macky Sall, Khalifa Sall, Idrissa Seck ou Ousmane Sonko ». « Je ne peux plus faire dans l’opposition radicale, à mon âge et après mon parcours », estime Babacar Gaye. Il indique ausi ne plus avoir d’ambitions locales pour Kaffrine où il est prêt à soutenir Baye Cheikh Gaye, son neveu dont le père a été maire de la ville, pour être élu premier édile. Ce neveu est à la tête du mouvement BCG (Bokk Ci Gokh bi). Babacar Gaye n’a pas l’intention non plus d’être candidat sur la liste départementale pour les élections législatives. Pour en revenir aux karimistes, Tract a appris qu’il y a de l’eau dans le gaz entre Karim Wade et le maire de Yeumbeul, Bara Gaye, nommé numéro deux du PDS par Abdoulaye Wade. Karim Wade ne fait pas confiance à Bara Gaye et ne lui affecte aucune mission de représentation auprès des militants.

Quelle lecture du jeu politique par Suxxali Sopi ? Oumar Sarr et compagnie pensent que une candidature en 2024 de Macky Sall n’est pas à exclure, « car la Constitution le lui permet ». Quelle posture pour eux en cas de second tour opposant Macky à un challenger de l’opposition en 2024 ? « Si c’est Sonko, nous appellerons à le faire battre car nous ne partageons pas le même socle de valeurs » et « il sera battu », tel est leur pronostic. Contre Idy, Macky « pourrait aussi repasser », selon eux. L’option Khalifa Sall ne fait pas partie des hypothèses de travail des frondeurs du PDS qui estiment que l’ex-maire de Dakar ne jouit pas des droits civiques et politiques pour se présenter à la prochaine présidentielle. Sur l’hypothèse Karim Wade, ils font la moue : « Karim n’est pas intéressé par la politique. Son seul souci, c’est de profiter de son argent. Et Macky Sall ne pourra pas obtenir de sa majorité qu’ils votent son amnistie. Ce serait l’implosion de Benno Bokk Yakaar et de l’APR ». Le pari des suxxalistes est enfin que les prochaines locales ne se tiendront d’en juin 2022, couplées aux législatives. Pendant ce temps, la pricnipale pomme de discorde du PDS e dépendances, Karim Wade, coule des jours tranquilles à Doha au Qatar, aux côtés de sa compagne espagnole, designer d’intérieur. Se contentant d’une molle « opposition épistolaire » à Macky Sall.

Interrogé par Tract sur le positionnement politique de Suxxali Sopi, un observateur averti tranche : « Si on comprend bien, les « Suxxalistes » roulent pour Macky avant et après 2024… Tout en accusant les autres de ce forfait qui serait une trahison ! Attention à la manipulation. »

Damel Mor Macoumba Seck, avec Ousseynou Nar Gueye

Tract