L’éternel « rebelle » politicien Soro n’a plus de mandat d’arrêt sur sa tête. Cap sur la présidentielle ?

La Cour africaine des droits de l’homme et des peuples, institution de l’Union africaine basée à Arusha, en Tanzanie, qui avait été saisie début mars par Guillaume Soro , « ordonne à l’État défendeur (la Côte d’Ivoire) de surseoir à l’exécution du mandat d’arrêt contre Guillaume Soro », dans un arrêt publié hier mercredi. Candidat déclaré à l’élection présidentielle ivoirienne prévue pour le moment pour le 31 octobre prochain (il y a de fortes chances qu’elle soit reportée pour cause de coronacrise) , Guillaume Soro faisait l’objet depuis fin décembre 2019 d’un mandat d’arrêt par la justice ivoirienne pour une tentative présumée d’« insurrection », et des détournements de fonds publics, toutes accusations démenties par l’ex-chef de la rébellion des années 2000 et non moins ancien Premier ministre et ancien président de l’Assemblée nationale ivoirienne. La Cour ordonne aussi de « surseoir à l’exécution des mandats de dépôt » contre 19 proches de M. Soro accusés de complicité à divers degrés, actuellement détenus en Côte d’Ivoire, et leur mise en « liberté provisoire » : il s’agit de cinq députés et de membres de son parti, dont d’anciens ministres, ainsi que de deux de ses frères.

Une décision en faveur de l’exercice des libertés et des droits politiques

Pour justifier sa décision prise « à l’unanimité », la Cour estime que le mandat d’arrêt et les mandats de dépôt risquent de « compromettre gravement l’exercice des libertés et des droits politiques des requérants ». La Cour invoque également le risque de « dommages irréparables » pour les requérants et la « présomption d’innocence » en leur faveur. Amnesty International avait demandé le 4 avril des soins d’urgence pour le député Alain Lobognon, considéré comme le bras droit de M. Soro, emprisonné, malade et qui craignait « pour sa vie ». Guillaume Soro a dès le début qualifié cette affaire de politique, une « opération » pour l’écarter de la course à la présidentielle de cette année.

Avec cette décision, l’apparente baraka de Soro se confirme une fois de plus. Avec une exceptionnelle carrière politique à 48 ans, les astres ont toujours semblé s’aligner pour lui, le poussant toujours vers (et l’encourageant à y croire) un destin présidentiel. Le report probable de la présidentielle ivoirienne est également un facteur qui accroîtra les chances de Soro de bien figurer à cette élection, voire d’en être le vainqueur.

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