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« Effet- papillon » : son empyrée médiatique Walf ne survivra pas à Sidy Lamine Niasse (?)

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L’ET DIT TÔT D’ONG – Les papillons auront donc dansé dans le ciel de Dakar, le jour de la disparition de Sidy Lamine Niasse. Coïncidence naturellement, si on peut rester cartésien, c’est-à-dire sérieux. Sidy, arraché à 68 ans à sa famille, mais aussi aux foyers des Sénégalais chez lesquels il s’invitait régulièrement par les ondes hertziennes et le canal cathodique.

L’effet-papillon ? Parlons-en justement. C’est la théorie scientifique éprouvée selon laquelle un battement d’ailes d’un papillon au Brésil peut provoquer une tornade au Texas. Phénomène fondamental de la théorie du chaos, qui démontre la  sensibilité aux conditions initiales. En raison de la proximité de la date du décès, l’heure est aux hommages unanimes et pieux pour ce pionnier malgré lui de la presse sénégalaise qu’aura été le Mollah de Sacré- Cœur, puis de Khar Yallah. Nous nous y associons et prions pour le repos de l’âme de Sidy Lamine Niasse. Et étendons notre compassion sincère et notre sollicitude à sa famille et à ses amis.

Faisons toutefois œuvre (utile ? ) de journaliste en parlant de l’homme et des faits. L’homme ?  Arabisant lançant au début des années 80 sa feuille islamiste que des intellectuels moins arabisants recrutés bénévolement autour de lui convaincront de transformer en journal dédié également au nouvelles du mondes profane et aux opinions politiques contestataires se réclamant d’autres idéologies qu’islamistes. Contestataire il l’aura été, puis consensuel. Tour à tour et de nouveau après avoir cessé de l’être. La trajectoire terrestre et les faits ? Léopold Senghor l’aura mis en prison. Abdou Diouf l’aura utilisé pour contrer les menées néfastes dans le monde arabe crypto-terroriste de son frère Ahmet Khalifa Niasse et pour le charger de missions de confiance auprès des pétro-monarques. Abdoulaye Wade aura été son allié objectif dont il était un visiteur du soir au palais de la République avant de devenir son repoussoir et sa tête de Turc dans la lutte contre le troisième mandat présidentiel honni, avec force manifs place Tahrir, du nom dont Sidy avait rebaptisé l’ex place Protêt. Wade père, qui lui aura octroyé au passage un dédommagement discrétionnaire de 400 millions pour le saccage du siège de Walf. Sidy aura fait miroiter Walf à Youssou Ndour dans un jeu de dupes qui s’est avéré être un retenez-moi-sinon-je-fais-un-malheur, tout cela pour mieux revenir aux commandes de Walf, épisode vexatoire qui aura piqué au vif Youssou Ndour, et moment déclencheur du mouvement qui transformera Sport FM en RFM auquel Ndour adjoignit l’Observateur, pour en faire le réceptacle de la sève des journalistes et animateurs débauchés de chez Walf. Walf aura donc vu passer beaucoup de journalistes, formés dans les écoles mais également sur le tas, dans le coeur de ses rédactions. Journalistes dont plusieurs sont aujourd’hui patrons de presse. Ce sera là le legs de Sidi : avoir été un passeur et un  pont.

Il n’est pas sûr que ce que Sidy Lamine Niasse aurait voulu que ce qu’on retienne de lui soit sa créature médiatique. Celle-ci n’aura jamais été qu’un outil pour des combats successifs et souvent aussi donquichottesques les uns que les autres, dans lesquelles la propagande pouvait être présente : ses réclamations pour une place des arabisants dans la société et dans l’appareil d’Etat, sa contestation des droits d’auteur, son harcèlement des pouvoirs en place, ses guéguerres contre la presse gouvernementale, son obsession d’un complot franc-maçon et juif, son combat pour une intervention du spirituel dans les affaires temporelles quelles qu’elles soient, sa fâcherie éternelle contre son frère ainé, etc. De Sidy, on retiendra donc le courage de ses idées et celui d’être toujours allé au bout de ses idées. C’est à Dieu que nous sommes et c’est à Lui que nous retournons. La mort qui passe entre eux efface tous les comptes entre mortels, n’est-ce pas. Et dans dix ans, Walf Fadjri ne sera plus.

Il est en effet peu probable que Walf Fadjri survive longtemps à son fondateur. C’est le lot de son management à l’ancienne, tel un patricien romain expert en micro-management, entouré de ses affidés et obligés, eux-mêmes esclaves de l’information, de l’animation musical et des causeries religieuses dont Messire Sidy  pouvait finir par faire des hommes libres – (pour ce qui est des dames, ne parlons pas de femmes libres, c’est connoté)- , au sein de ce dont Sidy  avait fait un empyrée médiatique personnel. Walf n’est pas devenu un empire médiatique comme l’est le groupe Futurs Medias de l’icône-planétaire- que-le monde-nous-envie Youssou Ndour ou comme le Groupe Boygues du présidentiabilisé Bougane Gueye Dani, s’étendant à la communication visuelle, à l’événementiel, à la publicité, à l’infotainment, aux panneaux d’affichages et autres excroissances loin du cœur de métier mais propres à faire tinter la tirelire. Walf n’est pas non plus devenue une principauté autonome comme le groupe SUD qui aura su renouveler ceux qui en incarnent le leadership et couper le cordon ombilical avec les fondateurs, tout en gardant la crédibilité qui la maintient à flot dans les calculs d’audiences.

Certes, il y chez Walf des journalistes – piliers qui font partie des meubles de la maison. Mais cela n’y suffira pas. Le turnover dans le monde de la presse est au Sénégal le plus important de toutes les professions, qui n’a d’équivalent que celui constaté dans le secteur des banques dakaroises. Le mercato commencera (ou continuera ?)  donc pour qui prendra les dépouilles vivantes de Walf, après que la dépouille mortelle de Sidy eut été honorée dignement. Ceux qui ne seront pas sollicités pour partir le feront d’eux-mêmes, tant Sidy y a été le liant et l’alpha mâle autour de qui tout tournait, celui était au four et au moulin, au micro et devant la caméra, avec le banquier et avec l’huissier, avec les clients et les fournisseurs, pour faire tenir à la baguette et au chapelet une entreprise plus familiale qu’autre chose. Au Sénégal, les entreprises familiales passent rarement le cap d’une génération.

Ce serait un euphémisme de dire que je n’ai pas partagé toutes les idées de Sidy Lamine Niasse. Toutefois, j’ai été séduit par sa suite dans les idées. Il n’y a  qu’au pôle Nord, là où vit le père Noël et ses elfes selon le dernier de mes enfants, que l’aurore (Walf Fadjri) boréale peut durer une éternité.

Ousseynou Nar Gueye

Directeur de publication de Tract.sn

Secrétaire national en charge de la Communication, des Questions Educatives et de la Coopération africaine du parti S.U.D

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