Entretien avec Christine Elong, «Toute véritable histoire d’amour commence, à mon avis, par une idylle»

Par Baltazar Atangana Noah

 

[Tract] – Bonjour Christine Elong. Pouvez-vous vous présenter ?

Bonjour à vous !

Je suis Mme Elong Eba Christine. Je vis à Nantes en France depuis cinq ans, où je travaille et parallèlement m’adonne à cette belle activité qu’est l’écriture. 

C’est après vos études en économie que vous avez décidé de vivre votre passion, l’écriture. Comment s’est faite la transition entre économie  et écriture littéraire ?

Comme vous le dites si bien, j’ai fait des études en économie. Le gros de mon parcours académique a été fait en Italie, à l’Université de Turin. J’étais partie pour faire médecine, mais pour des raisons que je n’évoquerai pas ici, je me suis retrouvée en train de me former en Banques, Bourses et Assurances. Par la suite, j’ai choisi une spécialité en Management des entreprises. Aujourd’hui, mon premier amour ayant repris le dessus, je me retrouve en pleine reconversion professionnelle qui, j’espère, aboutira d’ici peu.

Le roman Piégée  par mon sang est votre dernier fait littéraire publié en 2019, en autoédition.  De quoi parle votre roman ? Et Pourquoi vous l’avez publié en autoédition ?

Plus jeune, je tenais un journal intime que je me plaisais à garder chez le petit copain. Quelques années plus tard, le sujet du livre s’est présenté à moi. Je trouvais l’histoire tellement incroyable, le genre d’histoire que l’on aurait du mal à s’imaginer même dans son plus mauvais rêve. La question que je ne cessais de me poser était de savoir comment une personne normale pouvait se relever après autant d’épreuves douloureuses? J’ai décidé d’en faire un livre.

Au-delà des malheurs que le personnage a connu, le message derrière est réellement celui de la Drépanocytose parce que, ici, à la différence des autres malheurs qui se vivent au fil de l’histoire, la douleur ne sera pas passagère. La douleur se vit et se vivra au quotidien, perpétuellement.  D’où le titre du livre  Piégée par mon Sang  publié en 2019.

J’ai choisi de m’engager dans l’autoédition après plusieurs recherches de maisons d’édition à compte éditeur non fructueuses. Ceux des éditeurs qui m’avaient répondu ne m’ont pas convaincu. Après des passages sur plusieurs pages tenues par des écrivains qui se sont lancés dans l’autoédition, j’ai choisi de faire l’expérience. Et je ne regrette pas, car j’ai découvert un monde qui m’était jusque-là inconnu. 

Entre idylle dramatique et romance afro. Oú doit-on situer votre fait littéraire ? 

Toute véritable histoire d’amour commence, à mon avis, par une idylle. Mais parfois, derrière le rêve se cachent des surprises qui peuvent s’avérer dramatiques. La vie, en général, reste un enseignement dans son ensemble. Rien n’est jamais rose du début jusqu’à la fin. Et, parfois, il est important de prêter attention à tous les détails qui surviennent. La négligence et l’inattention peuvent nous être fatales. 

La particularité du livre  Piégée par mon Sang est son effort de présenter au lecteur un fait social qui, dans sa spécificité, n’appartient pas à un seul individu. Chaque famille africaine et en particulier camerounaise (comme dans ce cas) a sa petite histoire avec la Drépanocytose qui est une maladie de notre temps et qui gagnerait à sortir des sentiers battus. Le souci est de rendre compte de la puissante réalité, de transmettre le présent dans la littérature.

Une histoire vraie, peut-être pas la vôtre, mais n’est-ce pas une autobiographie déguisée ?

Cette question revient toujours et je répondrai en disant non. Bien que s’agissant d’une histoire vraie, il ne s’agit pas d’une autobiographie. Les premiers flirts arrivent avec l’adolescence et c’est souvent des amours purs, interdits et intenses. Ils sont souvent victimes de l’inconscience face aux conséquences qui peuvent survenir. 

Que représente le roman-mémoire pour vous ?  

Personnellement, je suis une personne introvertie. Or, le roman-mémoire est orienté vers l’extraversion. L’intention qui m’a guidé dans sa rédaction est celle d’un témoignage. Le narrateur que je suis a décidé de mettre l’accent sur la vie de son personnage. En parcourant le roman, on se rend compte que j’ai insisté sur les étapes de ce que j’ai vécu dans ma jeunesse, les relations entre les hommes et les femmes, les lieux. Bref, j’ai choisi de raconter mon Cameroun à moi tel que je l’ai connu et tel que je l’aime. 

Christine Elong, quels sont les écrivains qui ont marqué et meublé votre trajectoire existentielle jusqu’ici ?

Je suis une très grande admiratrice de Mongo Beti, et aussi de la nigériane Chimamanda Ngozi Adichie. Ce sont mes préférés, je les lis toujours avec beaucoup de plaisir. 

Comment envisagez-vous votre avenir littéraire par ces temps oú la covid-19 fait la loi ?

Je pense qu’il ne pouvait pas exister meilleur moment pour se mettre à pied d’œuvre et d’avancer dans le travail littéraire. Avec la Covid-19, tout est un peu sens dessus dessous. L’écrivain ne saurait justifier son ennui. 

D’autres romans en cours ?

Evidemment ! Une fois qu’on est lancé, on a juste envie d’en faire plus. J’ai plusieurs autres manuscrits dansmes tiroirs, mais je ne saurai vous en dire plus. 

 

Christine Elong, merci ! 

C’est plutôt moi qui vous remercie. 

 

Baltazar Atangana Noah- Nkul Beti est Ecrivain et critique littéraire.