Feu Fotso Victor, 94 ans : 146 héritiers dont ses…121 enfants se disputent la fortune du milliardaire camerounais

Fotso Victor ( à droite sur la photo en écharpe tricolore) soutenant par le bras l'autre milliardaire camerounais emblématique Soppo Priso. Tous deux sont aujourd'hui décédés.

Trcat – Feu l’industriel milliardaire camerounais Fotso Victor, c’est 146 héritiers dont 25 épouses et 121 enfants engagés dans une bataille judiciaire. Trois camps s’affrontent dont celui de Yves Michel Fotso ayant obtenu mandat de 99 ayants droits, indique le magazine afro-parisien Jeune Afrique. Ce litige, impliquant 146 héritiers (25 épouses et 121 enfants), s’est déporté devant les tribunaux camerounais et français. Voici pourquoi la famille de Victor Fotso s’affronte autour de sa succession.

Plus célèbre que plusieurs autres milliardaires pourtant mieux nantis que lui au Cameroun et à l’Ouest, y compris à Bandjoun, Victor Fotso a longtemps été le visage du capitaine d’industrie autodidacte, à la tête d’un empire industriel bâti avec l’aide du Français Jacques Lacombe, décédé le 9 juillet 1996. Le groupe Fotso, qui a bénéficié des mesures incitatives du régime Ahidjo pour la mise sur pied d’un tissu industriel national, est composé, entres autres de la Société Africaine de Fabrication de Cahiers (Safca), de la Société de fabrication de piles (Pilcam), de la Compagnie Internationale de Service (Cis), l’Union Allumettière Equatoriale (Unalor), la Société Camerounaise de Fermentations (Fermencam), la Socité de fabrication d’articles sanitaires et d’emballages (Fabassem), la Société de produits insecticides (Sopicam), la Socité de production des légumes (Proleg) ou encore Phytocam, Fisco et Gfa.

Après le décès de Victor Fotso, 94 ans, survenu le 20 mars 2020 à l’Hôpital américain de Paris à Neuilly-sur-Seine, trois camps se sont formés. Yves-Michel Fotso est à l’offensive. L’ancien patron du groupe familial (et ex-directeur général de Camair, la compagnie aérienne publique du pays devenue Camair-Co), déchu après sa condamnation à une peine de prison à vie mais évacué au Maroc pour raisons de santé, a obtenu mandat de 99 ayants-droits afin de demander aux tribunaux de Douala et de Yaoundé l’inscription d’hypothèques judiciaires sur l’ensemble des biens du défunt acquis par l’ancien footballeur international Jérémie Njitap.

La confusion est complète et totale entre le statut traditionnnel de successeur, et celui dit moderne des héritiers, dans une bataille où les egos ressortent pour tenter de s’accaparer aux fins de dépenses un patrimoine qu’ils auraient gagné à faire fructifier.  Avoir beaucoup d’enfants, de femmes….. Les parents ne se rendent pas compte qu’ils laissent pleins de problèmes après eux et même pendant qu’ils sont encore en vie ?

Une fois de plus, la réalité d’une époque contemporaine prise en référence à ce qu’est la tradition est un biais énorme par rapport à la source…La notion d’héritage, en tant que patrimoine qu’on obtient à la mort du référant, n’était pas consubstantiel à la tradition africaine. L’individu était tenu de se réaliser de son vivant par ses actes personnels, plutôt que par la jouissance du patrimoine éventuellement « légué » par un autre.
En outre, celui qui devenait LE (nouveau) référent, à la place de l’ancien (décédé) devait davantage être dans le sacrifice, le don de soi, pour assurer le difficile rôle de gardien et guide de toute la descendance. Le successeur était tout, et surtout un donneur, et pas un profiteur au sens d’un héritier jouisseur. Le successeur sacrifiait tout et sacrifiait à tout pour la survie de sa tribu. Triste spectacle que cette bataille de succession entre les nombreux héritiers de l’industriel camerounais Fotso Victor : le groupe qui porte son nom survivra-t-il à ce passage de témoin aux forceps?

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