[Interview] Tenne Sah’Ngong : « Le laxisme de l’État camerounais a laissé libre cours à une utilisation abusive et malsaine des réseaux sociaux »

SENtract – Salut à vous. Veuillez-vous présenter.

Je suis Symphorien Tenne Sah’Ngong, auteur panafricaniste d’origine camerounaise, engagé, à travers mes différentes activités littéraires et de terrain, dans la lutte pour le rayonnement de ce continent si riche , mais qui continue de vivre en mendiant. L’éveil des consciences de notre peuple et son accompagnement dans l’amélioration de ses conditions de vie est la mission à laquelle je me suis senti investi pour servir ma communauté et l’humanité.

 

Que pensez-vous de l’usage actuel des réseaux sociaux par les internautes du monde en général et ceux du Cameroun en particulier ?

 Parlant de l’usage des réseaux sociaux par les internautes du monde en général, et ceux du Cameroun en particulier, je dirai tout simplement, comme évoqué dans  mon récent ouvrage « Cortex -déconfinement » en pages 116-124, que ce nouveau canal de communication sociale constitue le nouvel enjeu pour les batailles du contrôle du monde.

C’est une arme à double tranchant, et ce sont ceux qui auront compris tout l’enjeu de ces nouvelles guerres cybernétiques qui tireront leur épingle du jeu. Pour les autres à l’instar du Cameroun et de la majorité des pays dits du tiers-monde, qui auront adoptés ces outils sans préparation, ni la maîtrise des enjeux, ils constitueront l’un des égrégores qui participent au maintien de notre cerveau en confinement. D’où notre vibrant vœu à son déconfinement.

 

S’agissant justement du Cameroun, votre pays d’origine, une histoire de sextapes alimente les débats depuis quelques temps. Que retenir de ce tourbillon ?

Ce qu’i faudrait retenir de ce scabreux feuilleton est que, malgré l’impéritie des pouvoirs publics à assurer efficacement la régulation de ce nouvel espace de la vie sociale, il est à noter une lueur d’espoir dans une relative prise de conscience dans l’utilisation de ces nouveaux canaux de communication.

Si le laxisme de l’Etat a laissé libre cours à une utilisation abusive et malsaine des réseaux sociaux, l’éveil des consciences que nous menons  permet progressivement de faire comprendre au peuple que ces outils peuvent lui servir de faire pression sur les pouvoirs publics pour qu’ils prennent enfin en main leurs responsabilités, mais aussi de faire entendre la voix des plus faibles et des causes perdues.

 

En dehors de l’œuvre Cortex-déconfinement qui éveille les consciences des citoyens sur les enjeux et conséquences des nouvelles technologies de l’information et de la communication, pouvez-vous présenter à vos lecteurs, aussi nombreux qu’ils sont, vos autres productions littéraires  ?

Bien avant « Cortex-déconfinement », que nous venons de publier aux éditions ICES en France, nous avions déjà publié « Citoyenneté responsable » en 2016 aux éditions proximité du Cameroun et qui a connu un succès remarquable au Cameroun et Afrique, avec des adaptations dans plusieurs pays en rééditions. De même pour « Les 100 Questions que se posent les adolescents » en 2017 toujours aux éditions proximité. Il a aussi été adapté et réédité dans certains pays.

Tenne, vous êtes également promoteur du prix littéraire Tenne sah’Ngong. Quel est son enjeu ?

L’enjeu du prix Tenne Sah’Ngong est de susciter , à partir de l’émulation scolaire et universitaire, un intérêt pour la chose littéraire pour la jeunesse. Il s’agit d’encourager et d’encadrer leur envie de découvrir les livre et d’affiner leur goût pour la lecture.

 

Comment préparez-vous l’édition 2021?

L’édition 2021 se prépare très sereinement. Nos équipes sont au taquet pour que cette nouvelle édition soit une autre réussite.

Quelles sont les modalités de participation à ce concours littéraire ?

Les modalités de participation à ce concours littéraire sont simples. Il faut juste être élève ou étudiant régulièrement inscrit dans l’un des établissements qui nous aura sollicité par nos canaux de communication ( site internet, mail, Facebook…), pour abriter le concours que nous organiserons en synergie avec les responsables de l’établissement sélectionné.

 

Crée en 2016, quel est le bilan du prix Tenne sah’Ngong après 5 ans d’existence ?

Après 5 ans d’existence, nous sommes assez satisfaits de l’engouement né autour de ce prix. Nous avons déjà eu à primer les élèves de 3 établissements scolaires au Cameroun, depuis le lancement, des jeunes députés juniors de l’ACNU (association camerounaise pour les nations unies). Nous avons également primé des étudiants de l’université de Bangui en 2017.

 

Quels sont vos projets littéraires à long terme ?

Pour l’avenir, nous comptons installer notre prix dans toutes les villes du Cameroun, voire dans tous les pays africains. Le but étant d’aboutir à la mise sur pied d’un grand prix de l’excellence littéraire africaine par les africains et pour les africains.

Nous sommes pour cela ouverts à toute collaboration et à tout partenariat.

 

Vous êtes un promoteur de l’entrepreneuriat, quels sont vos projets ?

Mes projets sont divers et variés ; mais puisque nous parlons de la littérature, en tant qu’entrepreneur social, nous comptons construire des passerelles socioculturelles et académiques entre les différentes composantes de notre peuple à travers le monde, pour que les générations à venir puissent apprendre à mieux se connaître et à mieux s’apprécier, avec à la clé la construction d’un centre africain de l’excellence où sera formée la crème  de l’intelligentsia de demain.

 

Vous êtes installé en Europe depuis plusieurs années, envisagez-vous un retour dans votre pays d’origine le Cameroun ?

s’il est vrai que je suis parti du Cameroun il y a trois décennies environ, je n’ai jamais été absent du Cameroun pour autant.

J’y vis même presque déjà.

Dès ma première année en Occident, j’ai toujours su que je retournerai au Cameroun. J’y retournais au moins une fois par an , ensuite 2 fois par ans ainsi de suite. Depuis près d’une décennie, je m’investis et je vis pendant six mois environ au Cameroun tout en travaillant le reste du temps de l’année en intermittence entre la Suisse et la France.

 

Merci pour votre disponibilité.

Merci infiniment à vous.

 

Baltazar Atangana Noah

SENTract

 

Baltazar ATANGANA Noah est critique littéraire, écrivain et chercheur associé à l’Institut Mémoires  de l’édition Contemporaine. Il a publié Aux Hommes de tout… (2016) et Comme un chapelet (2019).