- Meurtre -

«Je lui ai tiré dans la poitrine» : le glaçant récit du tueur présumé du journaliste slovaque

Le tireur, Miroslav Marcek, le 19 décembre 2019 à Pezinok. Radovan Stoklasa / REUTERS

L’un des quatre hommes accusés du meurtre de Jan Kuciak a décrit ses derniers instants, ce lundi lors de son procès où il a plaidé coupable, a constaté l’Afp. Le meurtre du journaliste d’investigation slovaque Jan Kuciak et de sa fiancée Martina Kusnirova, en février 2018, avait déclenché des manifestations de masse, débouchant sur la démission du Premier ministre Robert Fico.

Quatre hommes sont jugés pour ce double meurtre à Pezinok, près de Bratislava en Slovaquie. L’un de ces accusés, le tueur présumé Miroslav Marcek, un ancien soldat de 37 ans, a décrit en détail ce lundi le crime dont il plaide coupable. «J’ai frappé à la porte, M. Kuciak m’a ouvert. Je lui ai tiré dans la poitrine», a-t-il raconté au tribunal. « Malheureusement, j’ai vu qu’il y avait une autre personne, elle a couru dans la cuisine et j’ai tiré sur elle là-dedans. Je sais qu’elle est morte sur le coup. En partant, j’ai tiré encore une fois sur M. Kuciak, qui était couché sur les marches», a-t-il ajouté.

Jan Kuciak et sa fiancée Martina Kusnirova/Source Facebook

«Je le regrette, mais je ne peux pas le changer»

Jan Kuciak avait enquêté sur la corruption, y compris sur des liens présumés entre des hommes politiques et la mafia italienne, ainsi que sur les activités du commanditaire présumé de son assassinat, le richissime homme d’affaires Marian Kocner.

Le mouvement a ouvert la voie à l’élection à la présidence slovaque de l’avocate libérale et militante anticorruption Zuzana Caputova, en mars. Miroslav Marcek a officiellement plaidé coupable lundi et dit vouloir demander pardon aux familles des victimes «pour la douleur que nous leur avons causée».

«Les voir à la télévision et voir leur peine m’a fait dire ce qui s’est passé. Je le regrette, mais je ne peux pas le changer», a-t-il encore dit. Il est jugé aux côtés de Marian Kocner et de deux complices présumés.

Le journaliste d’investigation Jan Kuciak avait enquêté sur la corruption en Slovaquie, ainsi que sur les activités du commanditaire présumé de son assassinat, le richissime homme d’affaires Marian Kocner. AFP/VLADIMIR SIMICEK

Un accusé refuse d’être interrogé

L’un d’eux, Tomas Szabo, qui a servi de chauffeur à Miroslav Marcek, a déclaré devant le tribunal qu’au moment des faits ce dernier n’avait pas reconnu avoir tué le journaliste et sa fiancée, mais avait affirmé les avoir trouvés morts. « Quand Marcek est revenu à la voiture, il a dit qu’il avait trouvé deux cadavres », a raconté Tomas Szabo, ajoutant que Miroslav Marcek, qui est son cousin, avait rejeté sa suggestion d’informer la police.

Marian Kocner, quant à lui, a refusé d’être interrogé et de commenter les accusations portées contre lui, précisant que lui et son avocat avaient des « objections » à leur sujet. Enfin, le quatrième accusé, l’ancienne interprète de Marian Kocner, Alena Zsuzsova, a affirmé n’avoir « jamais de sa vie commandité un assassinat à M. Andrusko ».

Empêcher « de nouvelles révélations »

Il s’agit de Zoltan Andrusko, l’intermédiaire qui a passé des aveux et a été condamné à quinze ans de prison en vertu d’un accord avec la justice, au cours d’un procès séparé, le 30 décembre. Il doit se présenter mardi devant le tribunal en qualité de témoin. S’ils sont reconnus coupables, les accusés risquent une peine allant de 25 ans de prison à la réclusion à perpétuité.

Marian Kocner, 56 ans, qui fait l’objet d’autres poursuites pour des opérations financières suspectes et pour fraude fiscale, était connu pour son hostilité envers les journalistes, qu’il avait coutume d’insulter et de menacer.

L’acte d’accusation, qui compte 93 pages, avait fait l’objet de fuites dans les médias. Selon ces derniers, Marian Kocner, ne trouvant « aucune saleté » pour discréditer le journaliste gênant, a fini par « décider de s’en défaire physiquement et empêcher ainsi de nouvelles révélations sur ses activités ».