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Le président putschiste malien fait (naturellement) assassiner son agresseur en garde à vue

Le président de la transition Assimi Goïta (en bleu) à la Grande Mosquée de Bamako, peu avant d'être visé par une tentative d'assassinat, le 20 juillet.
Le président de la transition Assimi Goïta (en bleu) à la Grande Mosquée de Bamako, peu avant d’être visé par une tentative d’assassinat, le 20 juillet. Malick KONATE AFP

L’homme « accusé » (euphémisme pour dire qu’il n’avait pas encore été jugé) d’avoir tenté d’assassiner mardi le colonel Assimi Goïta, le président de la transition, à la Grande Mosquée de Bamako lors de la Tabaski est mort ce dimanche 25 juillet en garde à vue, a annoncé le gouvernement malien dans un communiqué.

Tout a commencé à la mi-journée dimanche 25 juillet. Une source sécuritaire malienne annonce à des journalistes que la santé de l’agresseur du président de la transition s’est dégradée. Il est à l’hôpital. Dans l’après-midi, le Premier ministre malien Choguel Maïga rencontre le président de transition, le colonel Assimi Goïta. Ont-ils abordé le sujet ? Probablement.

Quelques instants plus tard, la mort de l’agresseur du colonel Goïta est annoncée. Mort de quoi ? Le communiqué officiel ne le précise pas, mais affirme qu’une autopsie a été immédiatement ordonnée pour déterminer les causes de son décès.

L’enquête continue

Pour le gouvernement, cette mort ne fait pas obstacle à la poursuite de l’enquête, surtout « que les premiers indices collectés indiquent qu’il ne s’agissait pas d’un acte isolé ». En clair, pour les autorités maliennes, il y a d’autres personnes impliquées dans la tentative d’assassinat du chef de l’État.

Mais en l’absence du principal présumé coupable, désormais mort, certains peuvent être tentés de douter de la thèse officielle. Pour convaincre tout le monde, le gouvernement puis la justice devraient s’engager à jouer la carte de la transparence.

Sentract juge en doute logique que si l’agresseur dont on disait qu’il a dormi de nombreuses heures après son agression contre le président du fait de produits pharmaceutiques, si cet homme là a parlé, c’est parce qu’il a été proprement torturé. Et il en est mort. La scène de son arrestation, où il a été ligoté et jeté à l’arrière d’une camionnette militaire où il était couché comme un vulgaire mouton de Tabaski à sacrifier ne laissait hélas pas espérer une autre issue que cet assassinat de l’aspirant assassin d’Assimi Goïta. Le gouvernement malien n’a même pas la décence de communiquer le nom de cet homme qu’il a « zigouillé » sans autre forme de procès. Triste Mali, triste Afrique.

Damel Mor Macoumba Seck

Pour Sentract (avec Rfi)