L’ET DIT TÔT D’ONG : Bureau d’Information Gouvernemental ? BIG Mistake !

Seydou Gueye, ministre porte-parole du Gouvernement

Le char de l’Etat du Sénégal tel qu’il est conduit par Macky Sall vient encore de faire dans son énième resucée : il lance en grandes pompes, mackyllé comme un camion volé sous l’acronyme BIG (sic), le Bureau d’information gouvernemental. Officine directement et onomastiquement décalquée sur le Service d’Information du Gouvernement (SIG) qui existe en France depuis…1963, avec des changements notables de missions en 1996, 2002 et 2005, notamment à la faveur d’Internet et des télés d’info continue qui ont augmenté les situations de communication de crise pour le gouvernement français et donné lieu à l’émergence des fameux « éléments de langage ».

Seydou Gueye, le ministre porte-parole du gouvernement, reprend mot pour mot les missions du SIG français (visibles sur Wikipedia) pour désigner ceux du BIG sénégalais, en disant qu’il s’agit  » d’analyser l’évolution de l’opinion publique et le contenu des médias ». Analyser l’évolution de l’opinion publique ? Le SIG français avait traduit cette directive de manière concrète en multipliant les sondages d’opinion au bénéfice exclusif des présidents français , en période électorale. Surtout sous la direction générale du communicant Thierry Saussez, entre 2008 et 2010, qui finira par démissionner de la tête du SIG; du fait de l’entêtant parfum de scandale qui se dégageait de ses opérations de propagande gouvernementale et enquêtes d’opinion  commanditées, pour lequel il aura quadruplé le budget du SIG. Pour situer Saussez, à la tête de son cabinet Image et Stratégies, il aura conseillé l’alors président ivoirien Henri Konan Bédié dont il  empocha 730 000 Euros annuels entre 1995 et 1999. Transition toute trouvée pour revenir à nos moutons, ici en Afrique, au Sénégal : Macky Sall ne croit pas lui-même au sondage qu’on est venu lui vendre et qui lui donne 54% au premier tour de la prochaine présidentielle, selon ce qu’il a publiquement proclamé. Big Macky veut commanditer ses propres sondages. Il a désormais le BIG pour superviser cette besogne.

Autre temps, autres mœurs : le Président Abdoulaye Wade créa un « ministère de l’information » en 2001 ( et non un ministère de la communication), ce contre quoi l’auteur de ces lignes s’est insurgé dans un éditorial en Une de Tract à l’époque, rappelant que seuls des pays goebbelsiens comme le Zimbabwe de Mugabé avait un ministère de l’Information, qui filtrait l’entrée de journalistes étrangers dans le pays. Puis, Wade aura été tenté de mettre sur pied un Service d’Information gouvernemental en février 2011 au Sénégal. Il a abandonné le projet en raison des soupçons légitimes de manipulation de l’opinion que cela aurait créé, dans un climat alors éruptif, à douze mois des élections.

A 6 mois du premier tour de la présidentielle, Macky Sall, qui a choisi de faire feu de tout bois, n’a pas cette sagesse.

Ousseynou Nar Gueye

Directeur de publication de Tract