(Tract)- Présent à la soirée de clôture de la FIPA, animée dimanche soir par la cantatrice malienne Oumou Sangharé au théâtre Daniel Sorano, le Professeur Abdoulaye Racine Senghor est revenu sur la relation historique qui lie le Mali et le Sénégal. Il en fixe le cadre depuis le royaume du Mandé.
«Dans la sociologie entre le Mali et le Sénégal, je vais parler de cette identité commune qui fait que si nous avons des frontières, elles sont très artificielles. Car dans le fond, le Mali et le Sénégal constituent le même peuple. Que le Mali et le Sénégal, mais au-delà l’Afrique occidentale », souligne le professeur Abdoulaye Racine Senghor, actuel PCA du Musée des Civilisations Noires (MCN) et Professeur certifié de Lettres Modernes.
«Diandion, c’est la plaine de Kouranfougan. C’est en 1826. C’est Soundjata Keïta, après sa victoire sur Soumaoro Kanté, qui a initié une rencontre de 12 jours de 12 provinces. Et c’est de là qu’est sortie la charte de Kouranfougan. Mais on peut remonter plus loin que cette Charte qui est aussi importante que la Magna Carta et qui permet de voir dans le fond que les Ndiaye, Diop, Traoré, Sylla, Senghor, Diouf et tous ces peuples que nous avons ont des patronymes équivalents et participent de cette même société», relève-t-il.
L’historien note aussi «cette ressemblance qui est absolument admirable et que nous pouvons lire tous les jours dans nos vêtements, nos langues, nos patronymes, notre habitat, nos us et coutumes, nos croyances pas seulement religieuses. Mais aussi, dans nos habitudes alimentaires, notre exercice de l’agriculture, nos jeux, nos mariages, les activités que nous menons». C’est pourquoi, dit-il, «nous sommes donc exactement le même peuple. D’ailleurs, ce n’est pas pour rien que le Sénégal et le Mali soient les deux seuls pays africains qui ont la même devise : Un Peuple, un But, une Foi. Le Sénégal et le Mali partagent aussi le Vert, l’Or et le Rouge de leurs drapeaux». Selon lui, «le Sénégal et le Mali partagent aussi ce que Banzoumana Cissokho a fait en faisant l’hymne national du Mali et que l’on retrouve par exemple dans l’hymne national du Sénégal». «Nous sommes aussi parmi les peuples, les deux pays qui ont fait dans leur hymne, dans leur engagement, le souci profond de réaliser l’unité africaine et ça c’est fondamental», dit-il en soulignant que «le Sénégal fait partie du Mandé, mais c’est le colon qui nous a séparés. Il suffit de regarder cette salle (ndlr : théâtre national Daniel Sorano où jouait la cantatrice malienne Oumou Sangharé, dimanche dernier, d’écouter les gens, d’entendre les artistes, de sentir battre notre pouls à fond pour savoir que derrière nos bazins, nos costumes, il y a l’émotion dont parlait Senghor, que même dans un smoking le Nègre, le Soudano-sahélien frémit au son de la kora et du balafon».
