Revue de presse panafricaine du 11 mai : « L’Union africaine trop indulgente avec la nouvelle junte au pouvoir au Tchad? »

Le ministre tchadien de la Défense, le général Daoud Yaya Brahim, lors d'une conférence de presse le 6 mai 2021. © Djimet Wiche/AFP

Tract – Depuis l’instauration de la transition militaire à Ndjamena, deux des fils du président Déby, Mahamat et Abdelkerim, mènent une intense campagne diplomatique. Jeune Afrique, consulté par la radio Rfi, nous en livre les détails ce matin. Leur objectif est de « rassurer les chefs d’État africains influents au sujet de la transition en cours, et de confirmer leur volonté d’organiser des élections libres et crédibles dans moins de dix-huit mois. Abdelkerim Idriss Déby, directeur de cabinet adjoint et demi-frère de Mahamat Idriss Déby, est à la manœuvre, précise le site panafricain. Ce diplômé de l’académie militaire de West Point, qui a travaillé au sein du ministère des Affaires étrangères avant de prendre les rênes de la présidence sous Idriss Déby, a rencontré le Rwandais Paul Kagame le 6 mai dernier, puis, le lendemain, le Congolais Denis Sassou Nguesso et le Camerounais Paul Biya (lequel entretenait d’excellents rapports avec IDI). »

L’engagement tchadien au Sahel maintenu

Parallèlement, poursuit Jeune Afrique, « Mahamat Idriss Déby a quitté N’Djamena hier pour Niamey, où il s’est entretenu dans la matinée avec le président Mohamed Bazoum. (…) Les deux hommes ont fait le point sur la situation sécuritaire au Tchad et le long de la frontière avec le Niger, région par laquelle étaient descendues les colonnes de rebelles du FACT, au milieu du mois d’avril dernier. Mahamat Idriss Déby a d’ailleurs réitéré l’engagement de son pays de conserver son contingent au sein de la force conjointe sahélienne (notamment dans la zone dite des trois frontières) et au sein de la mission des Nations unies au Mali. Le patron du CMT a tenu le même discours à N’Djamena – et à plusieurs reprises depuis sa prise de fonction – devant les chefs d’État de la sous-région, croit encore savoir Jeune Afrique, mais aussi face au Français Emmanuel Macron, ou encore avec le représentant spécial de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, le Tchadien Mahamat Saleh Annadif. Il a affirmé à chacun de ses interlocuteurs que le Tchad honorerait les engagements pris par Idriss Déby Itno en matière de lutte contre le terrorisme. »

Rassurer les voisins

« Charité bien ordonnée commence par… le voisin » : c’est ainsi que Le Pays au Burkina Faso commente la visite de Mahamat Idriss Deby au Niger. « Ce déplacement de l’homme fort de N’Djamena est une manière, pour lui, de rassurer ses partenaires et de demander leurs soutiens pour la poursuite de la transition, pointe le quotidien ouagalais. Surtout que des voix, et pas des moindres, s’élèvent de plus en plus pour dénoncer la répression des manifs des partis politiques de l’opposition et de la société civile. Le dernier cas en date a été la dispersion, samedi dernier, à coups de gaz lacrymogènes et de balles réelles, de rassemblements du mouvement Wakit Tama, dispersion qui aurait fait plusieurs blessés et des dizaines d’arrestations. »

Autorisation de manifester pour… les sympathisants de la transition

D’ailleurs, à ce propos, « fait inédit dans le payss’exclame Le Journal du Tchadle gouvernement vient d’autoriser une marche pacifique. Il s’agit d’un rassemblement prévu pour demain mercredi à N’Djamena, organisé par la plateforme Vision Nouvelle. L’appel à manifester de cette organisation a été validée par le ministre de la Sécurité publique. »

Toutefois, à la différence du mouvement Wakit Tama, « l’heure est venue », cette plateforme Vision nouvelle est plutôt proche du pouvoir… Ceci explique sans doute cela…

L’UA trop « indulgente » ?

Et puis, pointe Ledjely en Guinée, « c’est ce mardi que l’Union africaine va se pencher sur la transition qui se joue au Tchad. En clair, elle devra trancher la question de la sanction ou non du pays du défunt Idriss Deby Itno. Même si en réalité, on sait déjà que le camp favorable à une « indulgence » exceptionnelle à l’égard de la junte du Conseil militaire de transition est parti pour l’emporter. »

Une indulgence, relève Ledjely, qui est en relation directe avec le « soutien ouvert que la France apporte déjà aux autorités de la transition à N’Djamena. Il est en effet de notoriété publique que quand Emmanuel Macron fait son choix, bien des dirigeants du continent ont tendance à s’aligner. (…) Ceci étant, d’autres dirigeants du continent (notamment d’Afrique australe) mettent en garde contre le précédent que constituerait alors cette violation des principes de l’institution. » Bref, conclut Ledjely, l’Union africaine devra agir « avec responsabilité, pour ne pas mettre en péril les maigres acquis qu’on peut mettre au crédit d’une organisation qui n’est déjà pas une référence. »

Tract.