[ Tribune ] « Cas Trump : les politiciens africains n’ont pas le monopole de la contestation des résultats électoraux » (Par Zaccaria Diéye)

Beaucoup d’enseignements sont à tirer de cette élection présidentielle américaine 2020 qui suscite pas mal d’interrogations.

Désormais nous savons maintenant que nous autres Africains n’avons pas le monopole des élections contestées, des soupçons de fraude, de bourrages d’urnes, de proclamation anticipée de la victoire avant la fin du dépouillement, du refus du verdict des urnes, des craintes de violence électorale voire de guerre civile.

Cette fois cela se passe aux Etats-Unis d’Amérique, et en 2020.Et mon frère Bachir a raison de rappeler qu’Alexis de Tocqueville auteur de La démocratie en Amérique publiée en 1835 doit bien se marrer dans sa tombe. Si, à ces soubresauts de la démocratie américaine, on ajoute le scandale Dassault de corruption électorale et d’achats de conscience à Corbeil-Essonnes actuellement devant les tribunaux en France, on peut se poser la question de savoir si ces démocraties séculaires sont des modèles.

N’en déplaise à ceux qui déclarent que nous ne sommes pas rentrés dans l’- Histoire, il existe des pays africains où, même si la campagne électorale est souvent émaillée de violence verbale ou physique, les résultats sont connus dans la soirée et la vie reprend son cours normal le lendemain. C’est le cas au Cap-Vert, au Ghana, au Botswana, au Bénin. Ce fut le cas au Sénégal lors des deux alternances de 2000 et 2012 où les Présidents au pouvoir battus ont reconnu leur défaite et félicité les vainqueurs.

Certes il y a encore beaucoup à faire pour asseoir une démocratie véritable dans nos pays africains indépendants dans leur majorité en 1960 mais tout n’est pas négatif en comparaison de ce qui se passe actuellement aux États-Unis. Mais le plus étonnant dans cette élection américaine, c’est le silence des Amnesty International, Human Right Watch et autres Observatoires des droits de l’Homme.

Alors que l’OSCE (l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe) a dénoncé “un flagrant abus de pouvoir” du Président Trump, ces “vigies de la démocratie” sont restées aphones. Pour qui roulent-elles ? Ont-elles peur de fâcher leurs contributeurs ? Ont-elles des zones d’influence ?

Imaginons les cris d’orfraie si les élections se déroulaient en Afrique ou bien si un Président africain s’amusait à imiter le jeu de yoyo entre le Président russe Poutine et son premier ministre Medvedev. Personne n’est dupe sur la duplicité de ces ONG appuyés par des médias et des intellectuels aux ordres.

Pour s’en convaincre, relisons le Rapport du Sénat français sur l’Afrique qui « souhaite opérer en réseau, avec des partenaires, dans le domaine du Soft Power … et se doter de tous les instruments nécessaires à une politique d’influence moderne ».

Pensons aux observatoires libyen puis syrien des droits de l’Homme curieusement basés tous les deux à Londres et dont on se demande si le décombre macabre quotidien cumulé ne dépassait pas la population de ces pays.
Avec le recul on comprend mieux l’acharnement des Etats-Unis et du Royaume-Uni à se débarrasser de l’ancien Directeur Général de l’UNESCO M. Amadou Mahtar MBOW à propos du Nouvel Ordre Mondial de l’Information et de la Communication(NOMIC) Aujourd’hui plus que jamais l’Afrique, à la lumière des élections américaines se doit de bâtir une véritable démocratie et sans complexe, en améliorant l’existant pour ne pas continuer à subir le diktat des puissances étrangères et de leurs partenaires stratégiques.

ZACCARIA DIEYE
(ZDIEYE10@GMAIL.COM)