TRIBUNE – « Électricité : ce cadeau de Noël emballé de l’incompétence de Macky Sall » (Cadre de Rewmi)

Le relèvement du prix de l’électricité est le pire des cadeaux de fin d’année que l’incompétent Macky SALL a offert à son peuple.

D’abord sur les raisons spécieuses de la hausse :
Il ressort des propos des tenants du pouvoir et des dirigeants de la SENELEC que cette hausse est justifiée par deux choses :
– La réduction de la subvention de l’Etat à la SENELEC ;
– L’accès universel à l’électricité (à l’horizon 2025 pour un coût environ de 650 milliards).
Vous conviendrez avec moi que l’accès universel à l’eau, à l’électricité à la santé, à l’éducation … est un droit fondamental pour la population, quel que soit son lieu d’implantation. Car l’électricité est un facteur essentiel de développement économique et social. Elle est un bien devenu nécessaire et indispensable dans la vie quotidienne des humains et des entreprises.

Dès lors, analysons sans complaisance ces arguments : 

Pour expliquer cette augmentation, l’argument clef du gouvernement est la réalisation de l’accès universel à l’électricité par le biais de l’investissement public reposant sur une électricité plus chère pour les consommateurs, avec comme subterfuge l’augmentation des prix des 2éme et 3éme tranche de la tarification de la facturation de la SENELEC, ceci pour pousser les gros consommateurs à payer plus, donc à supporter l’investissement nécessaire à l’accès universel à l’électricité.

L’autre cause de la hausse, c’est la réduction de la subvention à la consommation de l’électricité.
Ces arguments gouvernementaux ne résistent pas à une analyse objective.

Cette façon de vouloir bâtir les fondements d’un nouveau compromis entre villes et campagnes, entre nantis et démunis, pour un objectif commun d’accès universel à l’électricité est mauvaise. Oui la façon est mauvaise.

D’ailleurs cette volonté gouvernementale est une preuve de l’échec causé par un manque de vision ; car si après 60 ans d’indépendance avec autant de sommes d’argent englouties par la société nationale d’électricité, de surcroit dans un pays aussi ensoleillé que le nôtre, on parle encore d’accès universel à l’électricité, donc à la lumière, source de vie, il y a réellement un manque de vision.

C’est berner les gens inattentifs que de dire que les subventions à l’électricité profitent plus aux citadins qu’aux ruraux, alors que tous ensemble payent l’impôt qui est le support de ces subventions. Car bien des gens vivant en ville sont moins nantis que les ruraux ou souffrent de la même impécuniosité que leurs parents des villages, d’autant plus que ce sont ces campagnards qui alimentent la population des banlieues pauvres de nos villes et qui ont pour lot quotidien la précarité.

Vu sous un autre angle, ces citadins qu’on veut déplumer payent logiquement plus d’impôts que les gens des zones rurales. Par conséquent, ils contribuent plus au budget de l’Etat et donc participent plus à la subvention du prix de l’électricité.

Cet argument des pouvoirs publics est difficilement défendable puisque l’Etat subventionne les semences, les engrais, le matériel agricole, les intrants, le prix au producteur d’arachide à hauteur de 82.5 milliards pour la campagne 2018/2019. Il s’y ajoute que la Banque Agricole (ex CCNAS) a bénéficié de 10 milliards de subvention pour éponger ses impayés irrécouvrables. Et cette banque finance le secteur agricole, lato sensu, donc le monde rural.
Les gens du pouvoir pouvaient trouver d’autres arguments que cette logique erronée qui oppose citadins et ruraux, villes et campagnes ; puisque c’est le même peuple, la même population qui est imbriquée. Les citadins ont des familles en milieu rural et pour l’essentiel viennent de la campagne. Mieux ces urbains contribuent fortement aux charges domestiques de leurs familles ou parents vivant en zones rurales.

En plus, cette augmentation du prix du KWH pour les 2éme et 3éme tranches pour faire payer les gros consommateurs va impacter sur les couts de production des biens et des services que les entreprises vont répercuter sur tout le monde.
Il s’y ajoute que la consommation de toute famille de cinq personnes qui dispose du minimum de confort auquel aspire tout être humain (frigo, ventilateur, téléviseur, téléphone portable) dépasse la première tranche. Examinez vos factures pour vous en rendre compte.

En plus, la phrase qui suit se trouve dans le communiqué du 18 Janvier 2019 du FMI rendant compte de la réunion du 15 janvier 2019 du conseil d’administration du FMI concernant la septième revue du de l’instrument de soutien à la politique économique (ISPE) du Sénégal : « Les autorités étudieront en temps voulu si une loi de finances complémentaire s’impose. La chute des cours mondiaux du pétrole fin 2018 contribuera, si elle se poursuit, à l’abaissement du montant des subventions énergétiques nécessaires, mais les services du FMI recommandent que les prix intérieurs de l’énergie soient ajustés par étapes et suffisamment alignés sur les prix mondiaux du pétrole afin d’éliminer les subventions au secteur énergétique »

Cette phrase montre que l’argument de diminuer les subventions pour investir dans le monde rural est un mensonge. En réalité le gouvernement ne fait que suivre les injonctions du FMI comme l’avait révélé Idy lors de la campagne.
Au demeurant, Il n’y a pas de corrélation entre le prix élevé de l’électricité et l’accès universel. Le Maroc et la Tunisie ont une électricité deux fois moins chère que celle du Sénégal et pourtant ils sont à presque 100% d’électrification.

Abdou Fouta Diakhoumpa

CECAR (Cellule des cadres de Rewmi) – REWMI