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Trois ans de prison, la condamnation de Nicolas Sarkozy « lue » au-delà de France

L'ancien président français Nicolas Sarkozy quitte le tribunal après avoir été reconnu coupable de corruption et de trafic d'influence, à Paris, le 1er mars 2021. Kiran Ridley / GETTY IMAGES EUROPE / Getty Images via l'AFP

[Tract] – L’ancien président français va faire appel de sa condamnation lundi à trois ans d’emprisonnement, dont deux avec sursis.

La nouvelle a provoqué un “séisme” politique dans l’Hexagone, analyse CNN : l’ancien président français Nicolas Sarkozy a été condamné lundi 1er mars à trois ans de prison dont un ferme pour “corruption et trafic d’influence” dans l’affaire dite des “écoutes”, une décision dont il fera appel.

“Nicolas Sarkozy est maintenant le seul président français à avoir été condamné à de la prison dans l’histoire moderne du pays”, relève la chaîne américaine, soulignant le “caractère historique” du jugement.

“Sévérité” 

La “sévérité” de cette peine, “malgré l’absence de preuves formelles” – “le pacte de corruption ressort d’un faisceau d’indices graves et concordants”, a déclaré la présidente du tribunal, Christine Mée – “sidère ses amis politiques”, écrit la Tribune de Genève.

Les réactions n’ont en effet pas tardé à droite de l’échiquier politique, où l’on a dénoncé un “acharnement judiciaire”. “La sévérité de la peine est absolument disproportionnée”, a ainsi estimé le président de LR, Christian Jacob, alors que le patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau, déplorait “une condamnation extrêmement dure dans un dossier particulièrement faible”. Le patron des députés LR, Damien Abad, a lui eu une formule “moins tranchant(e)”, qui, pour le journal suisse, “ressemble presque une épitaphe” “Sa vie est une succession d’épreuves qu’il n’a eu de cesse de surmonter avec énergie et courage.”

Voilà qui refroidit en tout cas “les espoirs d’un retour politique” de l’ex-chef de l’État en vue de la prochaine présidentielle, estime Politico Europe.

Cette condamnation porte un coup à ses alliés du parti conservateur Les Républicains, qui avaient régulièrement laissé entendre que, bien que Sarkozy se soit officiellement retiré de la vie politique, la présidentielle de 2022 pourrait leur offrir une chance de retour, à la faveur d’une notoriété bien établie.”

L’homme “injustement accusé” est devenu un “condamné”

Pour Hugh Schofield, le correspondant de la BBC à Paris, un retournement de l’image de Nicolas Sarkozy s’est opéré lundi. Si l’ancien président n’était, jusqu’à présent, “pas étranger aux enquêtes judiciaires” – il est au centre d’“une demi-douzaine” d’enquêtes depuis qu’il a quitté la présidence – “son casier judiciaire était vierge”, constate le journaliste britannique. “Une demi-heure dans une salle d’audience du nouveau palais de justice de Paris” a suffi à “changer tout cela”.

La présidente Mée a lu un verdict qui n’a rien épargné, ni personne. Sarkozy, (son avocat) Thierry Herzog et (l’ancien magistrat) Gilbert Azibert savaient tous parfaitement ce qu’ils faisaient, a-t-elle dit. Ils échangeaient des informations confidentielles contre des faveurs professionnelles. Et c’était de la corruption, de n’importe quel point de vue.”

“Ce n’est pas la fin de l’affaire, loin de là”, prévient Hugh Schofield, notant que “le jugement en appel pourrait n’avoir lieu que dans des années”. Mais Nicolas Sarkozy apparaît désormais “sous un autre jour”“Avant, il était l’ex-président à qui l’on causait du tort, se battant contre une cabale judiciaire de gauche (le parquet national financier qui le poursuivait ayant été créé par son successeur socialiste, François Hollande). Aujourd’hui, il a été condamné par un tribunal.”

“La fin de la carrière politique de Nicolas Sarkozy”

El Mundo va plus loin et évoque “la fin de la carrière politique de Nicolas Sarkozy”. “Une condamnation pour corruption est un fardeau. Et la perspective d’autres procès n’est pas non plus flatteuse”, commente le journal, alors que l’ancien président doit à nouveau faire face à des juges dès le 17 mars, au procès de l’affaire Bygmalion, portant sur le financement de sa campagne présidentielle de 2012.

“Mais”, met en garde le quotidien espagnol, “dans ce pays qui aime le retour épique de vieux guerriers, rien n’est à exclure”. 

Avec le Courrier international